Aujourd’hui, en Martinique, le 22 mai est un jour férié dédié à la commémoration de l’abolition. Les dates suivantes donnent aussi lieu à des manifestations mémorielles :
Il n’en a pas toujours été ainsi.
Jusqu’aux années 1970, on commémore l’abolition de l’esclavage le 21 juillet, et non point le 27 avril, date du décret de 1848. Le 21 juillet, jour de la Saint-Victor est aussi celui de la naissance de Victor Schoelcher, auquel les Antillais vouent un véritable culte. Sous la IIIe République, les hommages au Libérateur de la race noire Schoelcher sont vécus par les conservateurs comme de véritables manifestes révolutionnaires ! Après 1945, le parti communiste reprend pleinement à son compte cette célébration.
En 1948, centenaire de l’abolition, les manifestations se déroulent à Paris le 27 avril (notamment discours de Césaire et de Monnerville à la Sorbonne) et le 21 juillet à Fort-de-France.
A la même époque, Gabriel Henry, enseignant communiste, redécouvre dans des documents de la bibliothèque Schoelcher les événements des 22 et 23 mai.
Mais c’est l’historien Armand Nicolas qui fera connaître aux générations martiniquaises des années 1960 le rôle de l’insurrection populaire dans le processus d’abolition, tandis que Césaire, en inaugurant la place du 22 mai en 1970 et en donnant congé aux écoliers de Fort-de-France en fait un jour de fête.
21 juillet contre 22 mai, la commémoration devient un enjeu politique et identitaire sur lequel s’affrontent les autonomistes et indépendantistes d’une part, et les départementalistes de l’autre.
La loi du 30 juin 1982 reconnaît enfin la nécessité de commémorer l’abolition de l’esclavage, mais localement. Le 22 mai est officialisé pour la Martinique, tandis que la Guadeloupe choisit le 27 mai, date de proclamation de l’abolition.
La loi « Taubira » du 21 mai 2001, reconnaissant l’esclavage colonial comme un crime contre l’humanité, prévoit désormais une commémoration au niveau national.
Le choix de cette date donne lieu à de vives polémiques, dès 2005 et jusqu’en 2011. En 2006, le gouvernement choisit le 10 mai, date anniversaire de la déclaration de Delgrès en 1802 et du vote de la loi mémorielle Taubira, pour la « journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions », mais il reste loisible aux collectivités locales d’outre-mer de conserver leurs dates. Parallèlement, des groupes de la société civile ou des mouvements politiques promeuvent également leurs propres dates.